jeudi 13 août 2015

Entretien avec Rodolphe Laurent

Rodolphe Laurent, l'homme derrière Inferno et Le Bissophile, nous parle sans langue de bois de ses débuts dans le fanzinat, de ses rapports avec les autres fanéditeurs, du prochain Bissophile et bien d'autres choses encore.
Alors accrochez vous à votre clavier, c'est parti, c'est tout droit et pas question d'éviter les obstacles.

-Quand as-tu commencé à t'intéresser au cinéma Bis? Et comment a débuté pour toi l'aventure du fanzinat?
 
Mon tout premier contact avec le cinéma populaire italien, ce fut un long extrait du Bon, la brute et le truand diffusé dans l'émission TV La séquence du spectateur, qui passait le dimanche midi. C'était au milieu des années 70. Un peu après, je me suis procuré un superbe poster de Clint Eastwood en Homme sans nom, qui est resté punaisé dans ma chambre des années. Début 1979 (j'avais 13 ans), plusieurs "Winnetou" (L' appât de l'or noir, Parmi les vautours...) ont été diffusés sur FR3, mais ils ne m'avaient pas "bouleversifié" plus que ça. La même année, j'avais pris en route Le Retour de Sabata, également sur la 3e chaîne, et là, par contre, j'avais été scotché. Mais le coup de grâce, ce fut à la fin de l'année la première vision de Mon nom est Personne : c'était génial ! (36 ans après, il est toujours dans mon Top 100). En 1981, j'ai vu mon premier "bis" au cinéma : Le Lac des morts-vivants. L'année suivante, pour Noël, j'ai eu le Livre d'or du cinéma 1981/1982, qui recensait les films sortis dans l'année. C'est là que j'ai découvert les noms d'Argento, Fulci, d'Amato et Cie. Au milieu des années 80, j'ai commencé à commander d'anciens Mad Movies et Ecran fantastique. Mais c'est fin 1987 que tout s'est joué lorsque j'ai mis la main sur le Nostalgia HS Jack Palance dans le rayon cinéma de la Maison de la presse de Troyes. Les courtes critiques sur les films bis italiens de Palance étaient passionnantes. Mais surtout, il y avait dans un coin un encart sur le dictionnaire des westerns italiens de Gian Lhassa, que je commandais illico. Ce bouquin, je l'ai épluché pendant des heures. En quelque sorte, ce fut là la première étape vers le fanzinat... Mais je ne le savais pas encore. La 2e fut l'achat à la boutique Movies 2000 d'une reliure de trois Star Ciné Vidéo
Le contenu était passionnant. Je n'avais encore jamais rien lu de tel. Enfin, toujours en 1988, j'achetai mon premier fanzine, Frénétic 3 - la 3e étape. Le contenu était passionnant mais la forme dégueulasse (des dizaines de coquilles et de fautes d'orthographe). Déjà, durant cette année-là, où j'étais au service militaire, avec Frédéric Mathieu (futur fanéditeur du Fossoyeur et de Prom Night), on avait commencé les nuits vidéo 100 % bis italien. Le soir même de mon retour à la vie civile (le 29 mars 1989), nous en avons organisé une parfaitement calibrée : un giallo, un fantastique, un western et une sexy-comédie. Ca a continué les semaines suivantes, et une fois, pendant une pause nocturne où on déambulait en causant bis à outrance, l'idée de la création d'un fanzine est née... sans doute vers les 3 ou 4 h du matin ! Le concept était simple : du bis rital avant tout. A l'époque, je n'avais pas un rond. J'ai utilisé la machine à traitement de texte de mon père (qui fonctionnait avec un rouleau permettant de revenir en arrière en cas de faute de frappe) et pour l'impression, c'était la photocopieuse de la banque où une de mes tantes travaillait. J'ai choisi le nom d'Inferno car le film d'Argento était mon préféré à ce moment-là (aujourd'hui, c'est Pat Garrett & Billy le Kid... suivi il est vrai de Suspiria). Le n°1 a été pondu en un mois (je ne travaillais pas). Je peux dire que c'est une formidable passion qui m'a alors saisi, cette sensation qu'on ne peut pas comprendre si on n'a jamais rien créé. Et ça dure maintenant depuis 26 ans...


-Tu démarrais en trombe avec un Inferno spécial Bis italien. Tu te souviens comment ce premier numéro fut accueilli?
Avec Frédéric, nous ne jurions que par le bis italien. C'était presque pathologique ! On voulait tout voir, dans tous les genres, parler de tout... Il faut dire qu'à l'époque, le cinoche transalpin étant complètement négligé. Seul Marc Toullec en parlait parfois dans Mad Movies. Côté zines, on avait vite fait le tour. Il y avait Ciné Zine Zone (que je ne connaissait pas encore) et Monster Bis (en période de stand-by). Frénétic ne sortait plus et Médusa ne faisait pas encore dans le bis (c'est venu bien plus tard). Il n'y avait guère que Fusion Fantasy, lancé trois mois avant nous. Du coup, le n°1, tiré à une cinquantaine d'exemplaires, a été très bien accueilli (en fait surtout après la sortie du n°2 / voir plus loin). En ce temps-là, les lecteurs se fendaient de très (voire très très très) longues lettres. Un mois plus tard seulement sortait le n°2 et Jean-Pierre Putters l'a très aimablement évoqué dans sa fameuse Zinotek (d'où des commandes de ce n°2, puis du n°1...). Seule note discordante : Stéphane Derderian, le fanéditeur de Frénétic. Frédéric lui avait écrit mais c'est à moi qu'il a répondu. Sa lettre - que j'ai longtemps voulu reproduire dans Inferno - était incroyablement haineuse. Avec Frédéric, nous étions estomaqués par tant de méchanceté. Ce type était odieux au-delà de l'imaginable. Nous étions arrivés un peu naïfs dans ce microcosme très codifié - très sectaire aussi - mais très vite, nous sommes retombés sur Terre ! Et ça a duré comme ça de très longues années...
-Tes éditos étaient assez engagés! Tu y allais même parfois très fort!

Il faut savoir que le fanzinat français a toujours été profondément de gauche. Alain Petit, Jean-Pierre Bouyxou, JPP : tous étaient des libertaires gauchistes. De gauche aussi Jérôme "Kous Kous Klan" Pottier (Fantasticorama) ; et aujourd'hui il y a même des "antifa"... Or, moi, c'est tout le contraire. J'ai toujours eu une aversion viscérale pour la gauche, pour ses idées, pour ses mensonges et pour sa morale (mais j'ai la même détestation pour la droite du fric et jamais on ne me verra marcher au pas de l'oie). La gauche dénonce l'intolérance... mais elle n'est qu'intolérance (je sais de quoi je parle tant j'en ai fait les frais dans le milieu !). Peu de fanéditeurs ont osé braver le "dogme" plus ou moins en vigueur dans le fandom hexagonal. Ceux qui étaient de droite n'abordaient pas la question ; les autres étalaient leur belle âme dès qu'ils pouvaient. Naïvement - encore - j'ai voulu rester moi-même. Pour moi, le fanzinat était un espace de libre parole, et il n'était pas question que je me couche pour plaire à untel. Je me suis donc lâché dans les éditos et ailleurs dans les pages. Trop sans doute. Aujourd'hui, je ne le referais plus. Non pas pour plaire à l'engeance mais tout bonnement parce que ça ne sert à rien. Mais je n'étais tout de même pas seul. En 1991, nous étions trois fanéditeurs ouvertement anarchistes de droite. Moi, l'excellent Philippe Fontaine (Le Voyeur, personnage que JPP estimait mais dont il regrettait toujours qu'il fut de droite !) et Philippe Ortoli (No Fun). A presque 50 berges, je me sens plus anar que jamais et la gauche me débecte au-delà de tout, mais ça ne me dit plus du tout d'écrire tout ça. Déjà, dans le Bissophile 6, j'ai sérieusement édulcoré mon propos. Mais la révolte intacte point parfois encore au détour d'une phrase. Je dois encore ajouter que de nombreux lecteurs - la majorité - appréciaient mes prises de position et mes coups de gueule (ils me l'écrivaient). Ça mettait un peu de vie dans un fandom aseptisé, craintif, foireux, lèche-cul. Certains glorieux anciens parlaient même de moi comme d'un "Pierre Pattin de droite". A mon avis, la qualité du style d'écriture est liée au degré de révolte qui habite celui qui écrit. Si tu es un type falot, résigné, un mouton, un con, ce que tu écris n'a pas grand intérêt. "Il faut mettre ses tripes sur la table", disait Céline. 

-Tu lisais les fanzines des autres à l'époque? Il y en a qui t'ont inspiré? Je pense notamment à Ciné-Zine-Zone.

Je lisais surtout des fanzines d' "avant" ! Juste après la sortie d'Inferno n°1, j'ai découvert  Ciné Zine Zone et Monster Bis. C'était en juin 1989 et ce jour-là, une grosse pile de ces fanzines m'attendait à Movies 2000. Extraordinaire ! Les numéros étaient tous plus fabuleux les uns que les autres (c'était du moins mon point de vue à ce moment-là...) et ça a encore attisé ma passion pour le fanzinat bis. Durant ce bel été, j'ai aussi mis la pogne sur le Phantasm de Christophe Lemaire, sur des Nostalgia, etc. Par contre, les zines du moment n'étaient pas terribles, rien de remarquable en vérité, c'était des temps de "ventre mou", de "ventre creux"... 
Sur le fond, aucun fanzine ne m'a inspiré. Je savais très bien ce que je voulais mettre dans Inferno et rien ni personne n'aurait pu m'influencer. Nulle envie de "métissage" pour corrompre l'identité de "mon" zine. Liberté totale et merde à tous (pour résumer) ! J'étais dans mon coin et je faisais ce que je voulais. Je suis ainsi le premier à avoir parlé des comédies franchouillardes façon Michel Gérard. Sur la forme, en revanche, Ciné Zine Zone a changé la donne à la marge puisque j'ai "repiqué" - hou le vilain ! - les cadres au feutre noir fin, qui "habillaient" les pages. C'est tout. 

-Et du côté de la presse professionnelle?

Je lis Mad Movies sans aucune interruption depuis 1986 (je suis toujours abonné). J'ai connu son âge d'or et puis son déclin (dû à 100% à des journalistes/collaborateurs qui avaient la tête comme un melon et non à l'irréprochable Jean-Pierre Putters, lequel s'était d'ailleurs fendu d'une très longue lettre tapée à la machine pour justifier l'évolution commercialo-"fanboy", qu'il subissait lui aussi). Je n'ai été abonné qu'une année à L'Ecran Fantastique (1986/1987). Mais à part les notules et les dossiers de Pierre Gires, j'ai toujours trouvé cette revue chiante comme la pluie, gavante, en un mot : imbitable (même si je pense que c'est une bonne chose qu'elle existe). Bien sûr, aucune revue pro ne m'a jamais influencé non plus : moi je faisais dans le bis total et eux dans l'actualité plus ou moins insipide.  


-Tu as participé aux Médusa de Didier Lefèvre. As-tu aussi écrit pour d'autres?


Avec Didier Lefèvre, c'est une vieille histoire ! Il m'a écrit pour la première fois en 1990 et je lui ai donné un premier papier pour son n°7. A partir du n°12, j'ai participé à quasiment tous les Médusa (sous mon nom ou sous pseudo... comme ça a encore été le cas dans le numéro sorti début 2015 - spéciale dédicace à Claude-Paul Braquemart !). Je pense que c'est moi qui ait le plus écrit pour lui... mais il me l'a bien rendu ! Mais j'ai également écrit dans une douzaine d'autres titres. D'abord ceux de Frédéric Mathieu (forcément) : Le Fossoyeur, Prom Night et Prom Night Collector. Au début des années 90, j'ai participé à Voyeur (avec à la clé une incroyable polémique pleine de haine suite à mes papiers pour le dossier fanzines dans le légendaire n°5) et à Scalp (second fanzine "one shot" de Jean-Marc "Fusion Fantasy" Baurit).

Plus tard, il y a eu Nuits Blanches (où j'ai tenu la rubrique vidéo), Fantasticorama, puis Le Charognard (une collaboration qui m'a réellement enthousiasmé tant j'appréciais cet excellent fanzine, le meilleur au mitan des années 2000), Diabolik Zine et plus récemment Vidéotopsie. J'ai aussi écrit pour un Sueurs Froides version e-zine. Mais surtout, j'ai écrit pour Pierre Charles dans Ciné Zine Zone et Shocking. Ironiquement, ça a commencé fin 1992 alors même que j'entrais tout à fait par hasard dans une carrière de journaliste local. J'ai écrit entre 100 et 110 critiques (dossiers et rubrique vidéo) pour Pierre ; des critiques publiées dans 12 numéros entre 1993 et 1998. Détail amusant : personne ne m'en parlait jamais (pas même les copains du fanzinat) ! Ma participation à Ciné Zine Zone - le top des fanzines à l'époque - était un sujet tabou, comme si ça n'existait pas. Assez ahurissant... Par contre, en coulisses, on s'occupait de mon cas. Le "bas du front" déjà évoqué plus haut n'a ainsi cessé d'intriguer pour que Pierre se passe de mes services (et de ceux de Frédéric)... sans succès, car l'avisé fanéditeur avait besoin de nous pour ses dossiers. En effet, les vidéoclubs de Troyes étaient très bien achalandés en films introuvables ailleurs - du tout bon pour des critiques inédites. A la fin des années 90, un autre triste sire (qui peut se vanter d'avoir torché le pire film de la carrière de Lance Henricksen) a poursuivi ces menées délétères. Mais lui a réussi à nous faire fâcher avec Pierre, le salaud !

Tiens, une autre anecdote pour la bonne bouche (mais qui refoule quand même pas mal du goulot). Avec Frédéric, on devait faire exactement 44 critiques de films de Gordon Mitchell pour un super numéro double. Galvanisés, on avait rendu un travail incroyable. Mais c'était sans compter sur (le défunt) Claude Le Du, qui a magouillé auprès de Pierre - lequel a hélas cédé - pour saper notre boulot. Ainsi, pour un gros tiers de nos critiques, la signature a mystérieusement sauté ! Deux ou trois papiers ont même carrément été oubliés (notamment celui sur Le Ricain de Pallardy). A la place, on avait de courtes interventions d'une dizaine de lignes du sieur Le Du à partir de souvenir brumeux vieux de trente ans, "relevées" par des généralités sans intérêt (alors que nous, nous avions vu ou revu chaque film). Un comportement écoeurant de jalousie mais récurrent dans ce microcosme parfois fangeux et inamical du fandom hexagonal... que j'ai toujours été le seul à dénoncer (dans le désert).    


-Tu as traité dans tes fanzines de nombreux sous-genre du cinéma-Bis. Quel est ton genre de prédilection?


Au fil des 13 numéros sortis entre 1989 et 1994, Inferno a abordé des sous-genres du bis italien alors totalement négligés, oubliés, méprisés. Longtemps, on a été les seuls à avoir parlé de sexy-comédie italienne (seul CZZ avait consacré un article à ce courant dans un vieux numéro). Dans le n°6 (1990), il y a eu un dossier Lenzi, et dans n°7 (1990), un autre consacré au génial tandem Hill & Spencer, des acteurs vilipendés partout : c'était les premiers en France. Dans le n°9 (1991), j'ai goupillé un gros dossier sur le film de guerre italien : encore une première (... et dernière je crois !). Il en ressortait notamment que le meilleur film du genre était le Commandos de Crispino (ça a été souvent repris depuis). Et dans le n°10 (1992), on a évoqué la seconde vague du gothique italien au début des années 70... En clair, avec Frédéric Mathieu, nous étions des défricheurs en un temps où, hormis CZZ (qui était toutefois spécialisé dans les péplums à "gros bras", le gothique des sixties et la crême du western spaghetti), le bis rital n'intéressait pas grand monde. 

Mais mon genre de prédilection était cependant le western à l'italienne. C'est pourquoi j'ai réalisé en solo trois guides de 50 films chacun, qui ont fait l'unanimité des lecteurs (pour ma part, je suis aujourd'hui beaucoup plus critique sur ce "travail de jeunesse"...). Ni Alain Petit ni Gian Lhassa ni Pierre Charles n'avaient consacré autant de lignes à ces westerns de "second choix", voire de dernière zone. Par la suite, tout le monde a écrit sur le western italien...
Pour résumer, ce qu'on aimait, c'était trouver dans nos vidéoclubs préférés des VHS bis quel que soit le genre. Certains titres n'avaient jusque l'à été chroniqués que dans les Saison Cinématographique ; d'autres ne l'avaient encore jamais été.

-Vers le début des années 90 tu mets fin à Inferno. Pour quelles raisons? Tu voulais arrêter définitivement ou tu pensais déjà au Bissophile?


J'ai arrêté Inferno en 1994. Pour trois raisons. D'abord, j'en avais assez des problèmes de vente, de diffusion, des aspects du fanzinat qui ne m'ont jamais intéressés. Et puis le "milieu" était hostile (mais pas les lecteurs, hein, le "système" !). Enfin, je préférais écrire pour Ciné Zine Zone. J'y étais à la fois plus et mieux lu. 

Mais l'envie d'indépendance, de "créer" est revenue en 1996. Mais il n'était absolument pas question de reprendre Inferno, nom devenu sulfureux. J'avais pris de la bouteille (30 ans) et j'avais d'autres idées, d'autres envies. Deux ans après est sorti Le Bissophile n°1, plus copieux, avec une vraie couverture, un contenu plus varié (dossier bis roumain...). Une nouvelle aventure commençait... qui se poursuit par intermittence depuis 2005 et la sortie du n°6.


-Le Bissophile avait un nombre de pages plus important pour une parution moins régulière qu'Inferno. C'était une volonté de ta part ou plutôt une question d'organisation?

L'augmentation de la pagination était pour moi un point important. Ça permettait d'offrir aux lecteurs des numéros plus riches. Maintenant, les fanzines de 150 pages et plus sont monnaie courante. Mais j'ai encore une fois été précurseur en sortant dès 2001 un fanzine généraliste de 150 pages (Le Bissophile 3/4, cette double numérotation un peu artificielle étant une sorte d'hommage plus ou moins conscient à Pierre Charles, avec qui j'étais hélas fâché). Jusqu'à là, les rares fanzines de plus de 80-100 pages sur le bis étaient des numéros thématiques, collector, des "fanbook" avec beaucoup de pavés de presse ou de photos pleine page, essentiellement des CZZ spéciaux (ainsi qu'un Fog débordant d'inintérêt qui n'avait rien à voir avec Le Bissophile). Cette augmentation de la pagination impliquait naturellement un allongement des délais de parution (à deux ans en moyenne). D'autant plus que j'avais beaucoup plus de films à voir et que contrairement aux premières années d'Inferno, je travaillais... déjà dans le rédactionnel. Fallait donc éviter l'overdose !


-Le Bissophile 7 a été plusieurs fois annoncé (déjà dans le n° 6 sorti en 2005!). Où en es-tu actuellement? Tu peux donner une date de sortie approximative?


J'ai commencé Le Bissophile n°7 fin juillet 2006 (soit près d'un et demi après la sortie du n°6). J'ai beaucoup écrit jusqu'en 2008/2009, puis ça a été plus épisodique, avec de longues périodes de stand-by. Depuis 2012, c'est encore pire. On va dire qu'aujourd'hui, 97% des textes sont écrits. Restera ensuite la mise en page. Il faut absolument que je boucle le numéro pour le printemps prochain. J'en ai assez, ça a trop duré, mais le temps et le tonus me manquent parfois. Pour moi, la page du fanzinat est presque tournée. J'ai d'autres projets d'écriture... mais plus du tout sur le cinéma Bis ! La raison ? Quand j'ai commencé il y a plus de 26 ans, le bis était un terrain d'exploration quasi-vierge en France. On se démerdait avec les moyens du bord. Maintenant, il y a Internet. Et tout le monde fait du "bis" (forums, blogs, festivals, nuits spéciales...) ! Cette prolifération fait que je ne me sens plus du tout à ma place dans cet univers encombré. Je n'ai jamais eu l'esprit de chapelle mais je ne suis bien que dans l'ultra-minorité. Je n'aime pas être noyé dans la masse. Je suis un minoritaire, voilà tout !  

Pour en revenir au Bissophile n°7, j'ai eu plus grands yeux que grand ventre dans le sens où si j'avais tout mis (et tout écrit), le numéro ferait 450 pages ! C'est également pour cela que sa réalisation a tant traîné. Bon, le sommaire sera tout de même très copieux. Mais il est clair que si d'excellents collaborateurs comme Mathieu Serres, Thomas Palacios et bien sûr Didier Lefèvre ne m'avaient pas filé un coup de main et de super papiers, une parution ne serait même plus à l'ordre du jour. J'aurais peut-être refilé les dossiers à la "découpe"...
Reste que pour mon boulot, je continue d'écrire sur le cinéma, les sorties, les nouveautés avec une demi page hebdo (environ 330 chroniques parues depuis 2007 dans L'Est éclair). J'ai même assuré pendant 6 ans une rubrique DVD où il y avait régulièrement du fantastique, de l'horreur (ah, les sous-Saw) et même du bis (près de 750 000 signes au total !) 

-Lis-tu les fanzines actuels? Que penses-tu de ce regain d'intérêt pour le fanzinat? 


Comme tout le monde, j'attends mon Médusa annuel (dont je suis le premier lecteur) ! Je suis également un inconditionnel de Vidéotopsie. David Didelot a énormément progressé, et aujourd'hui, on peut dire que c'est l'une des plumes du bis (on reconnait son style avant d'avoir vu la signature). Je trouve que les interviews (Daniel Daërt, Alain Petit...) de Cannibale sont d'une qualité exceptionnelle. J'ai aussi beaucoup d'estime pour le travail de Florent Gineste dans Diabolik Zine (mais il faudrait qu'il mette un peu plus d'humour, notre Roberto !). Le reste est plus inégal. Je n'ai pas aimé du tout le dernier Trash Times (qu'on m'a prêté) : rien à voir avec les excellents numéros des années 2000/2005. J'ai détesté le petit fanzine dont l'auteur avait mis des "films pour ne pas oublier" histoire de faire passer la pilule de la nazisploitation. Mais Sergio Garrone, Rino di Silvestro et Bruno Mattei n'étaient pas des nazis, des racistes, ils n'ont tué personne, merde ! Marre du politiquement correct dans le fanzinat (surtout de la part d'un antifa, mouvance dont on sait fort bien que le coeur de l'idéologie s'appelle la terreur. Je rappelle que le communisme et ses avatars, c'est 100 millions de morts, alors cette morale-là...). 


Sinon, je trouve formidable que des jeunes élevés au numérique s'intéressent au papier. Un dernier conseil de "papy" avant de prendre congé : n'oubliez jamais qu'un fanzine est un espace de liberté formidable. Et là liberté, il n'y a rien de mieux au monde.  

Un immense merci à Rodolphe Laurent de s'être livré sans détour dans cet entretien.
On attend avec d'autant plus d'impatience le prochain Bissophile

2 commentaires:

  1. salut.

    Alors déjà, je ne suis pas "antifa". J'ai joué dans des groupes "street-punk" effectivement "de gauche" mais moi, je ne me suis jamais intéressé à la politique. Mon plaisir, c'était de jouer de la batterie dans des groupes de "punk-rock/oi" et de pouvoir cogner sur mes fûts.

    Ceci étant dit, pour la énième fois, je n'ai pas mis "des films pour ne pas oublier" dans le numéro 3 de mon fanzine pour "faire passer la pilule" mais vu que le sujet était le même, ça m'a permis de les traiter dans ce fanzine vu que je n'aurai surement pas pu les chroniquer dans un autre futur numéro.

    Faire des procès d'intention à quelqu'un qu'on ne connait pas, ça me fait toujours bien marrer. Bref, interview très intéressante sinon...

    Steph "Toutes les couleurs du Bis"

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  2. Bonne interview, hormis certains propos puéril, où je rejoins Steph TLCDB. Et puis les mecs qui critiques ouvertement le milieu antifa sans le connaitre ni le côtoyer, vous faites pitié. Hormis quelques hurluberlus qui joue la carte de la provoc Stalinienne, les antifa n'ont pas grand-chose à foutre de l'idéologie coco made in URSS. A ce jeu là, on peut aussi compter les victimes du capitalisme, hein!

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